La loge pourpre est un environnement englobant le spectateur dans une ambiance étrange et féerique.
La rencontre des motifs géométriques et végétaux, répétés de façon obsessionnelle crée une circulation graphique organique.
Les motifs géométriques semblent en apesanteur tandis que les couches végétales finissent par ressembler a des feux d’artifices silencieux.
Une fois les rideaux tirés, l’obscurité matte, seulement troublée par les reflets or devient opaque comme les hauts fonds marins.
Le terme de loge évoque un endroit accessible uniquement au membres initiés d’un cercle privé …il est aussi un hommage a la loge noire qu’on voit dans twin peaks de David Lynch..
La fabrique de rêves
« Je peins mes tableaux comme un acte d’appropriation de la réalité. Je presse ce monde merveilleux et stupide pour en extraire la poésie et l’absurdité.
Je travaille d’après des images mentales et l’urgence de les transcrire en tableau. Comme dans toute traduction, le chemin n’est pas linéaire, mais c’est bien la distorsion qui se produit par le geste de peindre qui m’intéresse.
Mes tableaux décrivent un monde sans humains et sans objets, sans choses humaines. Leur ambiance pourrait être tant pré-humaine, comme post-humaine, la présence de l’homme étant annoncée, mais jamais énoncé picturalement. N’ayant nullement eu la curiosité ni éducation pour la religion, mon travail est pourtant influencé par des images bibliques : l’apocalypse, le déluge, les apparitions, les lumières divines, l’enfer et le paradis… Par contraste peut être à ses archétypes, je n’ai jamais abandonné les références iconiques qui ont marqué ma jeunesse : la culture urbaine, avec les graffitis, publicité, BD etc. Celles-ci se traduisent avant tout dans mon approche des couleurs, volumes et textures des tableaux. »
Les oeuvres de Julien C. sont des décors de rêves. Son approche est marquée par la porosité entre le décoratif (apatrié à la décoration de l’intérieur et le graphisme) et l’esthétique, en ce que celui-ci joue sur de nouvelles formes sensibles et leur expérience.
L’influence du motif est explicite dans ces tableaux. Le motif pictural n’est pas mis en scène, inscrit dans une narration ou dramatisé. Il ne devient jamais un personnage ou un élément qui pourrait entrer en relation avec d’autres éléments du tableau. Il s’agit du motif tel que l’on identifie sur les répétitions infinies d’un papier peint. Mais le geste de répétition, au lieu d’être simplement la conséquence de la reproduction industrielle, est pris ici comme une stratégie picturale à part entière. Le mouvement du corps du peintre qui exécute les répétitions devient manifeste dans des subtiles différences entre motifs répétés. De là monte la force et le mouvement des tableaux. Mouvement particulier, étant donné que les tableaux ne laissent vivre aucune inscription dans le temps. Les motifs sont là, à plat et se répètent de haut en bas, de gauche à droite.
Ce qui se meut, c’est le volume donné au motif, ressort de la technique graffiti, connue comme « highlight » qui lui donne de la profondeur par le jeu d’ombre sans introduire la perspective stricto-sensu. Ainsi se produit une suspension temporelle, qui pourrait relever d’un instant, comme de l’éternité, on ne saurait trancher la différence. L’artiste évoque sa fascination pour l’éternel recommencement, un renouveau possible et en regardant ces tableaux nous pouvons le suivre dans cette pensée.
Les figures de vagues, nuages, éclairs frôlent ainsi le terrible, le terrifiant, la force imparable de la nature tout en étant, par le même geste stylisés et inscrits dans une histoire culturelle, humaine, rendus familiers, mais pas pour autant moins menaçants.
Cécile Gonnard a habillé cette chambre avec son Fauteuil Cocktail année 50 (H75xL75xP75cm). En vente chez nous ou sur la boutique en ligne du Studio Heritage
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